«La société postindustrielle? Quelle illusion! Nous vivons en
réalité dans un système hyperindustriel, où les flux de matières et d'énergie continuent à augmenter de plus belle.» Suren Erkman, ancien chroniqueur du Journal de Genève, philosophe et biologiste de par ses titres universitaires, est devenu, en quelques mois, le héraut d'un «domaine en plein essor»: l'écologie industrielle. Une discipline «au carrefour des sciences de l'ingénieur, de la biologie, de la géographie, de l'économie et de nombreuses autres disciplines». Depuis une dizaine d'années que recherches et expériences étaient conduites dans le monde, il manquait une synthèse. Erkman vient de la publier (1).
Cet ouvrage est le premier à présenter sérieusement cette «curiosité» qu'Erkman résume ainsi: «L'écologie industrielle s'intéresse à l'évolution à long terme du système industriel dans son ensemble, et pas seulement aux problèmes d'environnement.» En 1996, la Fondation suisse Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'homme (FPH) confie une mission à Erkman: diffuser l'écologie industrielle à l'échelle internationale.
Il s'envole pour Tirupur, au sud de l'Inde. C'est dans l'une des quatre mille entreprises textiles de cette ville que sont fabriqués la quasi-totalité des T-shirts vendus en Allemagne et en Suisse. Entre les rejets de chlore, d'encre et de produits chimiques divers, les lieux sont dans un état apocalyptique. Avec un partenaire indien, Erkman entreprend de quantifier «les flux de matières» qui t