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Libération

Biologie. Un crime vieux de 45 ans résolu grâce à l'analyse du contenu des narines des victimes. Le pollen mène l'enquête.

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publié le 20 octobre 1998 à 12h11

Les fleurs sont bavardes et, en plus, elles ont la mémoire longue.

Si longue qu'elles peuvent devenir des témoins précieux dans les affaires criminelles les plus retorses. C'est ce que vient de démontrer le biologiste allemand Reinhard Szibor, de l'université de Magdebourg, spécialisé dans les tests d'identification pour la police scientifique. Dans un article publié par l'hebdomadaire Nature (1), il explique comment il a réussi, grâce au pollen des saules, aulnes et autres verdures, à trouver les responsables politiques d'une série de meurtres versée, faute d'être élucidée, aux oubliettes de l'histoire. L'énigme avait surgi au hasard d'un coup de pelleteuse, en février 1994. Les ouvriers travaillant sur le chantier d'un grand immeuble du centre de Magdebourg, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Berlin, en ex-Allemagne de l'Est, découvrent 32 squelettes entassés dans une fosse commune. Les hommes sont jeunes, leur mort remonte à une cinquantaine d'années. Pour le reste, mystère. Qui sont-ils? Qui les a tués? Les historiens, compilant les témoignages de l'époque, hésitent. Ou bien ce sont des civils assassinés par la Gestapo, au printemps 1945, juste avant la fin de la guerre. Ou alors des soldats soviétiques tués en juin 1953 par la police secrète soviétique parce qu'ils avaient refusé d'écraser la révolte des Allemands de l'Est. Reinhard Szibor a tranché, avec des fleurs.

«Ce qui m'a frappé, c'est que tout le mystère pouvait être ramené à une question de mois», dé