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Libération

Biologie. La taxifolia s'est reproduite à partir d'une seule souche. Les aquariums coupables dans l'affaire de l'algue tueuse.

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publié le 27 octobre 1998 à 12h38

Depuis qu'ils l'ont observée pour la première fois en 1984 en

Méditerranée, océanologues et biologistes s'interrogeaient sur les origines de Caulerpa taxifolia, cette algue «tueuse», colonisatrice et particulièrement vivace. Certains la soupçonnaient de dériver de Caulerpa mexicana qui, malgré son nom pousse en mer Rouge, et serait arrivée via le canal de Suez. D'autres se demandaient si Caulerpa taxifolia n'était pas la fille de la frileuse taxifolia qui vit dans les Caraïbes. D'autres encore, pour comprendre sa rapide apparition, évoquaient une évolution naturelle de la biodiversité en Méditerranée. Finalement, la Caulerpa taxifolia serait moins exotique qu'elle n'en a l'air. Trop résistante aux basses températures pour être la fille directe des populations tropicales, mais quand même bien leur petite-fille «grandie» en aquarium. Des analyses génétiques, des véritables tests de paternité viennent de le démontrer (1).

Sur près de 82 km de côtes, de l'Italie à la Croatie, des Baléares à la Sicile, en passant par la Côte d'Azur, les biologistes plongeurs (université de Nice) ont d'abord prélevé plusieurs dizaines d'échantillons de l'algue. Une surprise pour commencer: «Tous les plants collectés en Méditerranée ont exactement la même séquence génétique. Ce sont donc des clones issus d'une seule et même souche, reproduits par simple bouturage», explique Alexandre Meinesz, coauteur de l'étude. Il suffit qu'un fragment d'algue se détache, qu'il s'enracine un peu plus loin pour for