Le 20 février 1962, John Glenn a vu le soleil se coucher quatre
fois. Ce jour-là, il est devenu le premier astronaute américain placé en orbite autour de la Terre. Il est des spectacles dont on ne se lasse jamais et des exploits que l'on rêve de rééditer. Cette brève escapade de cinq heures avait propulsé cet ancien médaillé de la guerre de Corée, alors âgé de 40 ans, dans le cercle très fermé des héros américains «larger than life». Après trente-six ans d'attente, et beaucoup d'activisme (lire page suivante), il a finalement convaincu les pontes de la Nasa, notamment le directeur Daniel Goldin, de le renvoyer dans l'espace. Mais l'enjeu et les conditions de vol n'ont plus grand-chose à voir. Alors qu'il vient tout juste de fêter ses 77 ans, le vieux John Herschel Glenn Jr. va rester presque neuf jours à 523 kilomètres d'altitude. La navette Discovery a remplacé l'antique fusée Atlas et sa poussée au départ est presque vingt fois supérieure. Avec 66 m3 «habitables» la capsule STS-95 que Glenn va partager avec six autres compagnons fait quasiment figure de palace volant comparé au Friendship VII de 1962, un gourbi d'à peine un mètre cube dans lequel il devait caser son 1,80 m et ses 80 kilos. Enfin cela fait longtemps aussi que la conquête des étoiles ne fait plus vraiment rêver les Américains.
Officiellement, la mission de Glenn consiste à étudier les effets de l'apesanteur sur le vieillissement humain. Pour les spécialistes, sa portée scientifique semble moins essentielle que