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Libération

Génétique. Les Anglo-Saxons mettent les bouchées doubles, les Français hésitent. Génome humain: la course à deux vitesses.

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publié le 27 octobre 1998 à 12h38

La France, l'une des premières puissances mondiales de la recherche

en génétique, va-t-elle se désengager de la plus ambitieuse entreprise de la biologie: le décryptage du patrimoine génétique humain? La question a l'allure d'une provocation alors que le ministre de la Recherche, Claude Allègre, vient d'inaugurer solennellement, vendredi, le Génopole d'Evry où se trouve, précisément, le Génoscope, laboratoire dont la principale mission est de contribuer à l'effort international de séquençage du génome humain. Cette question est cependant bel et bien posée sur le bureau du ministre, depuis juin. Concrètement, si le gouvernement ne donne pas mission (et moyens) au Génoscope de mettre les bouchées doubles, la France pourrait être considérée hors course par la communauté internationale. Non sans raison objective. Depuis le printemps, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont en effet décidé d'accélérer le séquençage à coups de centaines de millions.

En 1990, le projet international Génome humain, initié par les Américains, avait fixé l'objectif: achever en 2005 la lecture des 3,5 milliards de lettres qui forment le message génétique d'Homo sapiens sapiens. Soit, en termes scientifiques, obtenir la «séquence» totale des 3,5 milliards de «bases» qui s'enchaînent, dans un ordre précis, le long de 23 chromosomes de l'ADN humain. La mission, vendue aux contribuables américains comme le «programme Apollo de la biologie» pour la modique somme de 18 milliards de francs sur quinze ans, avai