Menu
Libération
Portrait

John Glenn. Un Américain presque ordinaire. Enfant d'une famille moyenne du Midwest, astronaute, homme d'affaires puis sénateur, Glenn incarne le «rêve».

Article réservé aux abonnés
publié le 27 octobre 1998 à 12h38

Washington de notre correspondant

John Glenn a manqué le repas qu'offrent traditionnellement les membres du Sénat à leurs collègues qui prennent leur retraite. Le sénateur de l'Ohio suivait au Johnson Space Center de Houston un entraînement rigoureux. «La politique n'a jamais été ce qui m'excitait le plus», a avoué le sénateur avec son sourire de vieux gamin, visiblement ravi d'échapper à la campagne électorale du 3 novembre. «J'ai toujours dit que je voulais retourner là-haut.» Pour les six autres astronautes de la mission STS-95 de la Nasa, le «spécialiste en chargement» John Herschel Glenn ne veut être que «John». Mais quand la navette Discovery s'arrachera du pas de tir du Kennedy Space Center, les Américains n'auront d'yeux que pour «la navette de Glenn». Cet homme est une légende ­ une icône un peu pâlie, mais toujours gravée dans la mémoire collective, d'un âge d'or où les Etats-Unis d'Amérique étaient peuplés (dit le mythe) de ces hommes qui avaient «l'étoffe des héros» ­ mais qui n'en étaient pas moins «des hommes comme les autres». Archétype. Tom Wolfe, le romancier qui immortalisa la saga des premiers astronautes dans The Right Stuff (1), avait écrit que «le plus bizarre chez Glenn est sa normalité radicale». Depuis son vol mémorable du 20 février 1962, il reste l'archétype de l'Homo americanus ­ espèce que certains disent en voie de disparition. Regard bleu acier, mâchoire carrée, chevelure rase, taches de rousseur. Il parle sans fioritures, avec des formules ma