Toulon envoyé spécial
On trouve de tout dans la rade de Toulon. Le Foch, des géants américains lorsque la VIe Flotte fait relâche, les dernières barques des ultimes pêcheurs. Et même, mais bien peu le savaient, à quinze mètres à peine de profondeur, sous une couche de sédiments, des milliers de stèles datant de l'ancienne Carthage, la cité phare des Phéniciens en Tunisie. Elles gisaient là, depuis l'explosion en1875 du navire qui les avait ramenées de Tunisie. Les hasards d'une lecture les ont sorties de l'oubli. En 1993, l'archéologue Jean-Pierre Laporte tombe en arrêt sur un passage de Carthage, livre somme de Serge Lancel, un des spécialistes du sujet. L'auteur y évoque l'engloutissement des stèles dans la rade. Alors, à partir de 1994, quelques passionnés, retraités de la marine ou techniciens de l'Arsenal, ont plongé à 843 reprises sur le site pour délivrer le trésor de sa tombe aquatique. Le 2 octobre, ils ont rangé leurs combis, rendu les Zodiac et prié pour que les heures passées sous l'eau n'aient pas servi à rien. Pour l'instant, les dernières stèles remontées en surface, une soixantaine, sont dans une salle du fort Saint-Nicolas, fortification militaire désaffectée, isolée sur le mont Faron qui domine la rade. Sacrifices. Emmaillotées dans des sacs plastique numérotés, elles reposent dans de grandes cuves utilisées autrefois pour le tirage des photos. Tous les jours, le gardien du fort les baigne d'eau douce et les bichonne amoureusement. Elles affichent un gran