«Un formidable gâchis.» Amer, le physicien est un pilier de la
commission recherche du Parti socialiste. Et les mots qu'il emploie «méthode détestable, indigne d'un gouvernement de gauche, irresponsable» révèlent la profondeur de l'hostilité des chercheurs, les plus acquis au gouvernement Jospin, aux projets de Claude Allègre. Ce dernier voulant réformer les grands organismes de recherche et leurs relations avec les universités. Les chercheurs, souvent, ne nient pas la nécessité de réformes, mais récusent ce qu'ils vivent comme une démarche autoritaire et opaque, les véritables intentions du ministre de la Recherche restant floues.
Visible dans les manifestations de la semaine dernière (Libération du 6 novembre) mais aussi dans les réunions tenues dans les laboratoires et universités, cette hostilité se transforme en une riposte organisée. Trente-neuf présidents de section du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), sur quarante et un, ont ainsi convoqué le 14 décembre à la Maison de la chimie, une session plénière du centre sorte de «Parlement de la recherche». Pierre Potier, médaille d'or 1998 du CNRS (1) et président de la Maison, s'en faisant l'hôte complice. Deux jours plus tard, la FSU qui regroupe les deux syndicats les plus représentatifs de l'enseignement supérieur et de la recherche a prévu d'organiser au siège du CNRS un forum intitulé «Pilotage de la recherche: quels acteurs?». Ce titre anodin cache en fait un vrai bras de fer avec le minis