A gauche, l'autoroute A1 et ses poids lourds, derrière, deux-trois
bretelles qui se chevauchent. A droite, le TGV Nord, et au-dessus, les avions qui décollent ou atterrissent à Roissy. A chaque passage, il faut s'arrêter de parler, le bruit couvre les voix. Ah! on oubliait, en face, le village d'Epiais-lès-Louvres dont on aperçoit le clocher dans la brume. Au milieu un champ, réquisitionné dans le cadre des travaux d'extension de l'aéroport Charles-de-Gaulle. C'est dans ce décor sonore à pleurer que travaillent les archéologues chargés des fouilles dites préventives. C'est la loi: avant de déplacer une route ou de construire une piste, on doit s'assurer que l'on n'enterre pas définitivement des sites. Et ces fouilles, menées par l'Afan (1) sont à la charge de l'aménageur. Toute la zone qui couvre l'aéroport et ses environs regorge de fermes gauloises et de villas gallo-romaines. Un site tous les 600 mètres. Qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est ni l'Egypte, ni la Grèce" c'est antispectaculaire à souhait. Rien qui ne soit destiné aux musées ou à attirer les foules. Mais c'est tout un pan de la mémoire d'une période qui est ainsi sauvegardée par un travail ingrat. Et une nouvelle forme d'archéologie.
Boulot de flic. Le champ est troué tous les 20 mètres de tranchées, creusées sur toute la longueur. La pelle mécanique décape herbes et mottes de terre de surface, s'arrêtant à la couche géologique: un sol argileux orange, à environ 50 centimètres de profondeur. Assis par terre, Chris