«Qu'il fasse "Soleil où il veut, mais qu'il le fasse!» La bande
des sept qui doit entonner cette prière publique, cet après-midi, à l'Académie des sciences, ne s'adresse pas au bon dieu de la météo, mais au ministre de l'Education nationale et de la recherche, Claude Allègre. Et la supplique, un tantinet énervée, émane de chercheurs de gros calibre, directeurs de labos et animateurs scientifiques de six versions locales à Orsay, Toulouse-Bordeaux, Caen, Orléans, Aix-Marseille et Lille d'un même projet de «big science» au coût de 2 milliards sur huit ans: «Soleil», une fabrique de faisceaux de rayons X (1).
Exaspérés par les retards successifs, les scientifiques veulent ainsi manifester leur refus d'être pris en otages dans une polémique clochemerlesque. Depuis deux ans, Claude Allègre reporte la décision de lancer ce projet, né au début des années 90, au prétexte qu'il y a"trop de candidats pour accueillir le bébé. Régions et départements rivalisent de promesses de crédits pour héberger un équipement qui ferait très bien sur leur carte de visite. L'Ile-de-France et l'Essonne ont déjà voté 675 millions. Comme au poker, les concurrents suivent" pour voir. Et les leaders régionaux, parfois collègues de gouvernement, appuient les dossiers sans trop se soucier de l'intérêt général. Il est vrai qu'Alain Juppé avait tenté d'imposer le choix de Bordeaux, à la hussarde, une semaine avant sa défaite législative.
Du coup, peut-être par peur de ne se faire qu'un ami et plusieurs en