Baltimore (Maryland), envoyé spécial.
Harold Churchey croit aux miracles. Il en a vécu un. Ce retraité de 71 ans, complètement aveugle depuis plus de dix ans, a recouvré la vue pendant quelques minutes. «C'était vraiment comme si quelqu'un avait allumé la lumière dans une pièce, raconte-t-il à Libération. Une lumière bleue très pâle, qui dessinait les contours d'une lettre, un H" Je n'avais rien vu de pareil depuis une éternité, et ça m'a fait un choc», dit-il. Harold Churchey est né avec une maladie génétique la dégénérescence de la rétine (RP, retinitis pigmentosa) qui entraîne la perte graduelle de la vision au fur et à mesure que les photorécepteurs de la rétine cessent de transformer la lumière en signaux transmis par le nerf optique au cerveau. Le 31 mai 1996, sur la table d'opération du Wilmer Ophtalmological Institute, un des services de l'hôpital Johns Hopkins de Baltimore, il a reçu une rétine artificielle du chirurgien Mark Humayun qui travaille depuis dix ans à la création de ce qu'il appelle «l'oeil bionique». «Il s'agit d'une prothèse qui capte les images, les convertit en signaux électroniques, et les transmet à une puce électronique implantée dans une cavité de la rétine», explique le docteur Humayun, qui reçoit entre deux opérations. «Cette puce, de 3 millimètres sur 3 millimètres, porte 25 électrodes, qui transforment les signaux en impulsions électriques. Celles-ci activent les cellules rattachées au nerf optique. Et le cerveau assemble les images à