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Libération

La régénération des cellules est peut-être pour demain. Ces labos où l'on cultive des organes. Les poissons zèbres, dont les nageoires repoussent, vont-ils permettre de découvrir les mécanismes génétiques indispensables à la reconstruction humaine?

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publié le 24 novembre 1998 à 14h57

Les chéris de Jacqueline Géraudie nagent dans des aquariums, au fond

d'un couloir poussiéreux de la fac de Jussieu. Ce sont des petits poissons nommés zèbres, citoyens du Gange à l'état naturel. Jacqueline Géraudie les aime particulièrement pour leurs nageoires, celles de la queue comme celles du ventre. Qu'elles soient croquées par un ennemi, arrachées par un rocher ou découpées par son bistouri, elles repoussent. «Et cela, à l'infini. Ces poissons refabriquent leurs nageoires autant de fois qu'ils les perdent. Imaginez une jambe repoussant d'un moignon. Je trouve ça fascinant.»

Chercheuse et maître de conférences à Paris-VII, elle étudie avec enthousiasme, depuis trente ans, la «régénération», cet art de la repousse que pratiquent allègrement les animaux dits «inférieurs»: les poissons, mais aussi les vers plats qui, coupés en deux, fabriquent une tête ou une queue là où était leur estomac, les blattes dont les pattes se reforment, les lézards qui font repousser leur queue, et surtout les tritons, unique vertébré capable de reconstruire ses membres.

Comment la nature s'y prend-elle pour faire renaître le corps mutilé? «On se pose la question depuis deux siècles. Même Réaumur s'est intéressé à l'affaire. Il y a une dizaine d'années encore, les recherches piétinaient, elles avaient même mauvaise réputation.» Les temps ont changé. Témoin, le livre que viennent de publier Jacqueline Géraudie et Patrizia Ferretti, Bases cellulaires et moléculaires de la régénération, des invertéb