La mer a toujours été une poubelle commode pour les bateaux, et pour
les villes côtières qui y ont longtemps expédié le contenu de leurs égouts. Mais si les pollutions liquides se diluent et dégradent la vie aquatique au passage , les objets sont visibles. Trop visibles au goût des touristes quand les débris échouent sur les plages, des plaisanciers lorsque leur voilier heurte des paquets de détritus, des pêcheurs qui remontent dans leurs filets des horreurs nauséabondes.
Alerté par les quantités croissantes de déchets solides présents dans le milieu marin, l'Ifremer (1) a débuté en 1992, sur le plateau continental des côtes françaises, une «étude de la pollution en mer par les macrodéchets». Deux constats: les objets en plastique sont de loin les plus nombreux (de 60 à 95% selon les sites), et les côtes méditerranéennes sont les plus touchées.
Les «zones d'abondance», où on dénombre le plus grand nombre de déchets à l'hectare, sont les embouchures des fleuves, les agglomérations urbaines littorales, les zones touristiques. Les navires de pêche sont responsables de la plupart des apports sur les côtes françaises, les plages constituant le réceptacle le plus voyant et gênant. En 1982, sur 11 sites tests, la quantité totale de déchets échoués variait de 400 kg à 4 tonnes par kilomètre linéaire de côte. Sur un des sites étudiés, dans le Pas-de-Calais, le poids a doublé entre 1982 et 1994. Et la nature des déchets a changé: «Les résidus d'hydrocarbures se font plus rares, alors