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Libération

D'où viens-je? Question à la mode. L'homme se passionne pour ses origines. Le Collège de France aussi.

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publié le 8 décembre 1998 à 18h55

«Descendre du singe, mon cher! Espérons que ce n'est pas vrai mais

si c'est le cas, prions pour que cela ne se répande pas.» La célèbre phrase de Lady Worcester, prononcée en 1860, à l'heure de débats épiques sur le darwinisme et la théorie de l'évolution, a plusieurs fois ponctué le colloque organisé ce week-end par le Collège de France: «Origine de l'homme: réalité, mythe, mode». Programme aussi vaste que les quelques milliards d'années qu'il couvre: la question des encombrants ancêtres n'est pas réglée. Yves Coppens, professeur au Collège de France, grand ordonnateur des débats, inaugurait ainsi le nouvel amphithéâtre en compagnie de grands noms (Françoise Héritier, Jean Delumeau, Brigitte Senut, Pascal Picq, André Langaney"). Car les origines ­ depuis la fin du XIXe, on ne dit plus création ­ ne sont pas seulement objet de débats, elles sont à la mode. Au moindre fossile nouveau, toutes les presses du monde s'enthousiasment et crient au bouleversement.

Que ne bâtit-on pas à partir de quelques bouts d'os? Coppens, découvreur de Lucy, est bien placé pour le savoir: son squelette de 3 millions d'années, est en train de devenir une mythique «mère» de l'humanité. Un psychiatre a établi une théorie voulant que l'on passe tous par le «complexe de Lucy». Lucy entre dans la légende alors qu'elle n'est ni la plus vieille dame du monde ni l'ancêtre directe de l'homme. Passons sur le mythe du paradis terrestre, ce jardin merveilleux qui continue de faire rêver et sur le fait que l'ho