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Libération
Reportage

Papous, les tribus gardent le contact avec nous.Chaque année, on annoncela découverte d'une peuplade inconnue dans la forêt de l'Irian Jaya, en Indonésie. Improbable, disent les ethnologues. Tous les groupes ont été confrontés à la civilisation et les cannibales n'existent plus. Mais ces «vrais primitifs» alimentent les rêves exotiques des Occidentaux.

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publié le 8 décembre 1998 à 18h56

Irian Jaya envoyé spécial

La dépêche est tombée au coeur de l'été, aussitôt engloutie dans le tourbillon de l'information continue: venue de l'agence de presse indonésienne Antara, elle racontait qu'au cours d'une tournée en forêt, des fonctionnaires avaient localisé deux tribus totalement inconnues, les Vahudates et Aukedates, dans le district de Yapen-Waropen, au nord-ouest de l'Irian Jaya, la partie occidentale, et, depuis 1963, indonésienne, de l'île de la Nouvelle-Guinée. «Les individus sont grands, peau foncée, cheveux bouclés et communiquent par signes», indiquait l'auteur avant d'évoquer les centaines de tribus du pays «vivant pratiquement à l'âge de pierre». Au hit des paradis perdus, l'Irian Jaya tient désormais sérieusement la corde. «Dernière frontière» de l'Indonésie, à 4 000 kilomètres de Djakarta, c'est aussi l'ultime voyage vers les imaginaires «tribus perdues» des Papous vivant prétendument à l'âge de pierre. Un retour à l'homme pur, la quête, balisée, du mythique cueilleur de baies et libre chasseur préservé des ravages de la civilisation. Le filon a déjà été exploité aux Philippines dans les années 70 avec la piteuse histoire des Tasadays, paysans parfaitement ordinaires mais vendue au monde entier, et notamment au prestigieux National Geographic, comme «la plus primitive sur terre». Parfum cannibale. Les Indonésiens ont pris le pli, et, chaque année, les médias annoncent la découverte de peuplades inédites en Irian Jaya. En 1995, il était ainsi question