C'est une première. A la demande des chercheurs, se tiendra lundi
une réunion plénière du Comité national de la recherche scientifique (1). L'occasion de récriminer, voire de tempêter de façon organisée, près de 700 scientifiques étant attendus à la Maison de la chimie. Le Nobel de physique 1997 Claude Cohen-Tannoudji ou le mathématicien Yves Meyer ont demandé à y prendre la parole. On y verra Hubert Curien, ancien ministre de la Recherche, ou Michel Mabile de l'Aérospatiale. Car la grogne est partout. Du scientifique de base au ministre de la Recherche Claude Allègre, en passant par les directeurs de laboratoires ou d'organismes, chacun a son grief personnel.
Méthodes. Il y a un an et demi, comptant sur «le pouvoir et le punch» du nouveau ministre, nombreux étaient ceux qui disaient espérer voir la recherche «sortir de sa désespérance» (Libération du 10 juin 1997). Aujourd'hui, beaucoup se disent furieux de ne pas avoir été consultés par ce même ministre et d'avoir été soumis à son «autoritarisme», ses «méthodes à la hussarde», et lui reprochent «un terrible manque de souffle». «Où sont les grands objectifs scientifiques? Quand a-t-il tenté de mobiliser les chercheurs sur les enjeux de société?», s'emporte l'astrophysicien Richard Gispert (Orsay). Bref, les chercheurs sont fort mécontents. On ne compte plus les e-mails furieux sur le réseau, et deux manifestations le 6 octobre et 3 décembre ont réuni 2000 protestataires à chaque fois à Paris. Le malaise a d'abord été diffu