Menu
Libération
Interview

Van Nunen, la mission de l'ethnologue. Le prêtre néerlandais venu évangéliser l'Irian Jaya en 1948 est resté pour comprendre les Papous. Et les aider.

Article réservé aux abonnés
publié le 8 décembre 1998 à 18h56

Irian Jaya envoyé spécial

C'est un rituel immuable: tous les jours, vers midi, dans les vastes bâtiments dépouillés que sa congrégation occupe au pied d'une colline où dégringolent les cahutes, Alfons Van Nunen abandonne ses livres, ses revues spécialisées et ses journaux pour une immense table. Elle pourrait facilement accueillir une bonne vingtaine de dîneurs, comme jadis. En ce mois de novembre, ils ne sont que trois autour de lui. Invariablement, le vieux missionnaire, âgé de 77 ans, prononce le bénédicité. Il n'a jamais cessé de le faire depuis qu'il est arrivé en Irian Jaya, en 1948. Alfons Van Nunen est venu à l'ethnologie par la religion. «En Hollande, raconte-t-il, quand je suis devenu franciscain, il fallait choisir une terre de mission. Notre évêque recherchait un prêtre spécialisé en anthropologie pour la Nouvelle-Guinée. ça m'a tout de suite séduit.» Il s'est formé en Australie avant de rejoindre son premier poste dans la région des lacs Wissel. La motivation du missionnaire l'emportait alors sur le désir d'observation de l'ethnologue. «J'avais baigné dans l'idée d'évangéliser mais aussi d'émanciper les populations indigènes qui souffrent. Il y avait alors un esprit missionnaire très fort dans l'Eglise catholique en Hollande. Pour nous, l'ethnologie c'était le moyen d'apprendre jusqu'où nous pouvions aller dans l'adaptation des coutumes locales aux grands principes du christianisme. Je voulais évidemment leur apporter le message et les traditions de notre socié