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Libération

Ils réclament un débat national à Claude Allègre. Chercheurs frondeurs.

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publié le 15 décembre 1998 à 19h42

Huées, sifflets" Et silence glacial pour saluer l'orateur quittant

la tribune, Vincent Courtillot, nommé la semaine dernière Directeur de la Recherche par Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale et de la recherche. Hier, les 800 chercheurs venus à la maison de la Chimie pour la réunion du Comité national de la recherche scientifique (CN), sorte de mini parlement de la recherche (lire ci-dessous), qui s'était ainsi pour la première fois «autoconvoqué» en cinquante ans d'existence, ont d'emblée manifesté leur colère.

Les velléités réformatrices du ministre ­qualifié d'ailleurs de «brusque» par le directeur général du CNRS Catherine Bréchignac en ouverture des débats­ ne passent pas. Pas plus que n'a été apprécié le discours de Vincent Courtillot, taxé de «musclé» par les plus gentils, de «stalinien» par les autres. Car le bras droit d'Allègre s'est montré menaçant: si les propositions des chercheurs (issues, entre autres, des travaux de cette journée de lundi) ne vont pas dans le sens du ministre, «le comité national et le CNRS en sortiront très affaiblis».

Des menaces qui ont amené une riposte cinglante. Ainsi, Claude Cohen-Tannoudji, le prix Nobel de physique 1997 et membre du Conseil national de la science créé il y a six mois par Claude Allègre, s'est lancé dans un plaidoyer pro-CNRS: «Sans sa capacité à construire sur le long terme, à permettre la création d'écoles de pensée, jamais le laboratoire Kastler-Brossel n'aurait eut ses deux Nobel». Le mathématicienYves