Menu
Libération
Repères

Pour tout l'or des Papous. «Javanisation».

Article réservé aux abonnés
publié le 15 décembre 1998 à 19h44

Jadis, les colons hollandais se proposaient d'élever l'âme des

«sauvages papous». Ils ont tenté d'éradiquer les traditions ­ celles des cannibales et des chasseurs de têtes ­ et les croyances de ce peuple qui compte aujourd'hui environ un million de personnes. Mais à la longue, les missionnaires les plus ouverts, surtout catholiques, ont essayé de comprendre leur univers. Les Indonésiens qui, depuis 1963, se sont appropriés l'Irian Jaya, partie occidentale de la Nouvelle-Guinée, avouent en revanche qu'ils sont venus «pour faire descendre les Papous de l'arbre». D'où la révolte de ces derniers, en partie restés nomades ou semi-nomades, contre la «javanisation forcée», près de 250 000 Indonésiens s'étant installés dans le pays, en particulier à Jayapura la capitale, ou dans de véritables colonies de peuplement comme le long de la frontière avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Révolte aussi contre les exactions. Le témoignage du beau-frère de Ikadus Deikmon sur la mort de ce dernier (lire ci-contre) a été recueilli comme beaucoup d'autres, puis vérifié par les membres d'une commission réunissant plusieurs missionnaires, dont les protestants de l'Eglise évangélique indonésienne (GKII). En mai 1998, la commission a rendu public un rapport édifiant sur deux ans d'exactions dans plusieurs municipalités (1): entre 1996 et le printemps de cette année, les militaires indonésiens, notamment ceux des forces spéciales du Kostrad et du Kopassus, auraient abattu une centaine de personnes, qu