Jadis, les colons hollandais se proposaient d'élever l'âme des
«sauvages papous». Ils ont tenté d'éradiquer les traditions celles des cannibales et des chasseurs de têtes et les croyances de ce peuple qui compte aujourd'hui environ un million de personnes. Mais à la longue, les missionnaires les plus ouverts, surtout catholiques, ont essayé de comprendre leur univers. Les Indonésiens qui, depuis 1963, se sont appropriés l'Irian Jaya, partie occidentale de la Nouvelle-Guinée, avouent en revanche qu'ils sont venus «pour faire descendre les Papous de l'arbre». D'où la révolte de ces derniers, en partie restés nomades ou semi-nomades, contre la «javanisation forcée», près de 250 000 Indonésiens s'étant installés dans le pays, en particulier à Jayapura la capitale, ou dans de véritables colonies de peuplement comme le long de la frontière avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Révolte aussi contre les exactions. Le témoignage du beau-frère de Ikadus Deikmon sur la mort de ce dernier (lire ci-contre) a été recueilli comme beaucoup d'autres, puis vérifié par les membres d'une commission réunissant plusieurs missionnaires, dont les protestants de l'Eglise évangélique indonésienne (GKII). En mai 1998, la commission a rendu public un rapport édifiant sur deux ans d'exactions dans plusieurs municipalités (1): entre 1996 et le printemps de cette année, les militaires indonésiens, notamment ceux des forces spéciales du Kostrad et du Kopassus, auraient abattu une centaine de personnes, qu