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Libération

Pour tout l'or des Papous. L'exploitation de la mine de Grasberg détruit l'environnement et menace les hommes.

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publié le 15 décembre 1998 à 19h44

Irian Jaya envoyé spécial

Ikadus Deikmon avait 20 ans et la malchance de vivre dans le hameau de Onyimogom, municipalité de Bela, au coeur des montagnes centrales d'Irian Jaya. Pour le malheur de ce Papou Amungme, comme celui des quelques milliers de Nduga, la région abrite le «diamant» de l'Irian, la mine de Grasberg. Concédée à la société américaine Freeport-McMoran, cette mine gorgée de cuivre et plus importante réserve d'or au monde ravage l'environnement des territoires traditionnels papous. A plus de 4000 m d'altitude, c'est une immense verrue sur le toit de l'Asie du Sud-Est, une saignée sur la cordillère de l'Irian Jaya. A peu près 10 000 hectares exploités après le premier contrat, signé en 1967 avec la bénédiction, très intéressée dit-on, de l'ancien président et dictateur Suharto. Et aujourd'hui, «2,6 millions d'hectares (presque la taille de la Belgique, ndlr) depuis la nouvelle concession l'année dernière», explique John Rumbiak, jeune animateur d'une ONG papoue, Els-Ham.

Montagne mère. A force d'obstination, Rumbiak , originaire de Biak (1), a obtenu la confiance des Amungme. «Pour eux, les conséquences sont désastreuses à tous points de vue», dit-il. La blessure la plus grave n'est peut-être pas la plus visible. «Les Amungme pensent qu'après leur mort, les esprits de leurs guerriers vont dans les montagnes. Or la montagne aujourd'hui est occupée. Par ailleurs, la montagne est comme leur mère. Tout en haut, c'est la tête, puis il y a des sommets qui sont les mame