Brest, envoyée spéciale.
Lové dans un vallon des abords de Brest, le parc est agréable avec son torrent qui dévale entre les pelouses arborées. C'est un jardin à l'anglaise de 24 hectares où l'on vient volontiers flâner en famille. Une terre d'asile pour un monde en péril. Les plantes qui prospèrent ici sont, pour la plupart, en exil, condamnées à mort dans leur pays d'origine. Pouya raimondii, une énorme pulpeuse dont les Indiens du Pérou fêtent la floraison, une fois tous les cinquante ans, en la faisant brûler, ce qui réduit en cendres ses espoirs de descendance. Cupressus cashmirii, cyprès altier à la ramure tombant en cascade dont il reste un bosquet au Bhoutan. Notofagus alessandrii, hêtre en perdition au Chili. Le somptueux séquoia redwood, surexploité pour son bois imputrescible. Et des centaines d'autres dont les noms obscurs sont gravés sur de minuscules pancartes fichées en terre au pied de plantes en pleine forme, comme autant de pied de nez à la mort et l'oubli. Sous ses allures de promenade dominicale, le conservatoire national botanique de Brest abrite l'une des plus riches collections au monde de plantes menacées d'extinction. 1 500 espèces au destin compromis in natura ont trouvé refuge dans son jardin et ses serres. Chiffre record pour un parc européen. Mais simple échantillon au regard du nombre de plantes en péril dans le monde. En1997, l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature, sise à Gland, en Suisse) concluait que 35 000 espèces