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Libération
Interview

Aux yeux de sept chercheurs, les pistes qu'il faut travailler. «L'université française vit encore sur le tabou». Il y a peu de spécialistes du sujet.

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publié le 29 décembre 1998 à 17h51

«Il n'y a pas de vrai bilan»

Jean-Michel Deveau, professeur d'histoire moderne à l'université de lettres de Nice. Auteur de «la France au temps des Nègres», éd. France-Empire.

«En France, l'histoire de l'Afrique avant la colonisation est pratiquement inconnue. Celle de la traite a encore peu de spécialistes. En revanche, les obstacles et les tabous abondent. Les archives sont riches, parfaitement conservées, mais nous n'avons toujours aucune thèse, par exemple, sur Nantes, un des grands centres du commerce esclavagiste en France. Il y a tellement de choses à faire: mesurer le bénéfice économique de la traite, l'impact sur la révolution industrielle en Europe" Des points de vue contradictoires existent, pas un vrai bilan.»

«Révoltes et révolutions»

Laënnec Hurbon, CNRS, coordinateur du projet «La route de l'esclave» pour Haïti.

«Dans la Caraïbe, nous nourrissons encore une vision mythique de notre libération et de la lutte contre l'esclavage. Il faut développer une approche plus critique, étudier les séquelles de la traite dans nos sociétés contemporaines. Par ailleurs, chez nous, l'Etat ou les Eglises ont longtemps nié le rôle du vaudou dans les processus de libération. Nous avons plusieurs projets concrets: un musée de l'esclavage à Port-au-Prince et la création d'une chaire d'histoire sous l'égide de l'Unesco pour relancer toutes les études autour de la traite. Et un espoir: que l'on reconnaisse l'influence qu'ont eue les révoltes en Haïti sur plusieurs révolutions régionale