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Libération

Jusqu'en 2004, une équipe de scientifiques étudiera les effets économiques, culturels, historiques... de quatre siècles de traite des Noirs. Mission: explorer l'esclavage.

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publié le 29 décembre 1998 à 17h51

Lisbonne envoyé spécial

Sheila Walker, l'anthropologue afro-américaine, n'aurait voulu que des Noirs pour en débattre. Nina de Friedemann, la Colombienne, directrice de la revue America Negra, plaidait au contraire pour le multiculturalisme. Les Européens se sont montrés plutôt frileux et les Africains particulièrement à vif. La traite négrière transatlantique, un peu plus d'un siècle après sa disparition officielle, n'est pas encore devenue un paisible objet historique. En 1994, l'Unesco a décidé d'atteler des chercheurs des trois continents concernés ­ Afrique, Amérique et Europe ­ à l'étude de ce «véritable trou noir dans l'histoire de l'humanité», comme le qualifie le directeur général, Federico Mayor. D'abord discrète, l'entreprise, baptisée «La route de l'esclave» a reçu cette année le soutien de Jacques Chirac à l'occasion de la célébration du 150e anniversaire de l'abolition de la traite par la France. Son comité scientifique international est composé d'écrivains prestigieux, tels que Toni Morisson ou Wole Soyinka, mais surtout d'historiens, d'anthropologues ou de philosophes. Du 9 au 13 décembre, une quarantaine d'entre eux se sont retrouvés dans les salons d'un hôtel de Lisbonne.

D'ici à 2004, peut-être même au-delà si le besoin s'en fait sentir, ils devront dresser le premier bilan réellement détaillé des quatre siècles de traite active jusqu'à l'ultime traité d'abolition en 1873. Bilan économique de la «saignée» du continent africain bien sûr, mais également des e