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Libération
Portrait

Bernard Kalaora, 53 ans, sociologue et conseiller du Conservatoire du littoral, s'est spécialisé dans l'«observation sociale de l'environnement». Avant de se «salir les mains» en politique. D'un naturel engagé.

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publié le 5 janvier 1999 à 23h26

Drôle d'idée d'écrire un livre (1) en s'affirmant quasi certain de

n'avoir pas de lecteurs. Il faut dire que Bernard Kalaora est un des très rares sociologues français spécialisés dans l'«observation sociale de l'environnement». Mais qu'il y croit. «Paysage mutant» (la vision des espaces a changé à travers les siècles), «invention patrimoniale du littoral» (d'objets de crainte, les côtes sont devenues des lieux convoités), «nature refuge» (l'authenticité du sauvage) et «équivoque» (le sauvage recherché ne doit pas être synonyme de chaos)" voilà ses étranges sujets d'investigation. Kala (comme disent ses amis), 53 ans, conseiller scientifique au Conservatoire du littoral, chercheur associé d'un laboratoire du CNRS, attaché depuis 1975 à l'Institut national de recherche agronomique (Inra), assure que «l'environnement constitue le défi majeur des sciences sociales contemporaines». Pour lui, les questions d'environnement «sont aussi des problèmes sociaux». Car les menaces environnementales sont liées aux choix de production et de consommation.

«Traître». Mais ce n'est pas en lisant son ouvrage Au-delà de la nature, l'environnement, sorte de synthèse de ses études successives, que les lecteurs découvriront l'histoire de son auteur. D'emblée, ce chercheur mal à l'aise depuis toujours parmi les sociologues, déclare: «Je suis un être hybride.» Il raconte comment sa «conception de l'engagement n'est pas reconnue par le monde de la recherche», où, pourtant, il a ses racines. «Je suis