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Lettres du pôle. -35°C, une journée ordinaire *.

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publié le 5 janvier 1999 à 23h26

Jusqu'à fin janvier, une trentaine de chercheurs européens sont en

mission sur la base Concordia, dans l'Antarctique. Ils forent la calotte polaire pour y retrouver 500 000 ans d'archives climatiques. (1er épisode)

Sept heures du matin. Le soleil brille sur le camp orange et blanc" comme cette nuit, puisqu'ici, durant l'été, il ne se couche pas. C'est l'heure où les ronfleurs cessent enfin de ronfler. Jeans, polaire, godasses, et direction le réfectoire. Début de journée revigorante: il doit faire -35°C; de minuscules cristaux de glace font scintiller l'air et forment un magnifique halo autour du soleil. Je croise le médecin. Italien, puisque sa parka est rouge Ferrari. Les Français, eux, se reconnaissent aux charentaises, même quand il fait -55°C, et à leur combinaison orange. Détour par les toilettes: un poème! Pour le liquide, facile: il suffit de repérer les fanions rouges. Pour le solide, on peut tenter les WC électriques incinérateurs. L'ennui, c'est qu'ils n'acceptent que les solides, et promettent de sérieux désagréments à ceux qui ne se plient pas à cette discipline. Inconvénient majeur: si l'on s'y pointe moins de 1 h 30 après son prédécesseur, on subit des effluves" Alors, je préfère les petites tentes jaunes ou bleues, pourvues d'un trou et d'un sac en plastique mais non chauffées. Huit heures. Briefing des scientifiques dans la tente commune. Notre «chef», Jorgen Peder Steffensen, est un vrai Viking. Danois barbu, regard bleu, polyglotte et fumeur de pipe. Progr