Il a des moustaches à en faire frémir l'étymologie. Non contents de
sourdre de la lèvre supérieure (le mystax grec), les poils poivre et sel glissent, lisses, jusqu'en dessous de la lèvre inférieure, masquant ainsi la bouche. N'était la plissure au coin de l'oeil, il passerait pour sévère. Mais qu'il parle, et alors il roucoule. Les mots du français roulent, dans un parler qui tâta d'abord du persan. Mohammad Heydari-Malayeri, Iranien de Malayer (400 km à l'ouest de Téhéran), où il naquit en 1947, astronome à l'observatoire de Paris depuis 1980 et Français depuis 1982, est spécialiste mondial de certaines «nébulosités bizarres». Et, depuis presque trente ans, c'est un amoureux des mots de l'astronomie au point de patiemment concocter pour eux un glossaire en iranien moderne" Mais ce dont l'homme à la moustache vous parle en premier, c'est de Rostam, héros à «la grande barbe à deux branches, dont un casque frappant masque le front». Cet Hercule persan du Livre des rois célèbre épopée, qu'écrivit Abol-Qasem Ferdowsi, relatant l'histoire de l'ancien Iran , ce héros d'il y a mille ans, l'inspira dès l'âge de 5 ans. Il lui donna l'envie d'apprendre. Alors, «avant même d'aller à l'école», le petit garçon qui s'endormait parfois sur la terrasse de la maison à 1 200 mètres d'altitude, sous la voûte étoilée, voulut savoir «par coeur les poèmes de Ferdowsi». Il avait de qui tenir: «En pleine nuit, quand il avait oublié un vers, mon arrière-grand-père réveillait tout le monde dans la