La pyramide de verre bleuté est perdue au fond d'un vallon calme et presque minéral. L'herbe rase est roussie par le gel, la limite supérieure de la végétation n'est pas loin. On arrive en ce lieu de science-fiction après avoir remonté, parmi la cohorte polyglotte des trekkers du camp de base de l'Everest, de longues moraines, chaos de blocs instables dégueulés par le glacier du Khumbu, arrachés à quelques milliers de mètres de là aux plus hautes parois du monde. On y arrive toujours le souffle court, un peu migraineux, un peu nauséeux: à 5 000 mètres d'altitude, personne n'échappe à l'un ou à l'autre des syndromes du mal des montagnes, chaque visiteur est un peu cobaye" Cette pyramide, ovni italien où l'on s'apostrophe en patois bergamasque, dispute à une installation bolivienne le titre de «laboratoire permanent le plus haut de la planète». L'endroit est déserté pendant l'hiver et la mousson. Mais, chaque printemps et chaque automne, les chercheurs y accourent, venus d'Italie (beaucoup) et même du monde entier (un peu) y étudier les effets de l'altitude sur l'organisme.
Passé la porte, qui grince, on pénètre dans un cocon de verre et d'alu les matériaux, transportés par 2 800 porteurs, ont été choisis légers et font un peu cheap. Dans une première pièce, remplie d'appareils de recherche et de caisses métalliques, trône un vélo d'appartement pour les tests d'effort. Et, soudain, on tombe sur" une vidéoconférence en direct avec un Salon de la technologie à Milan.
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