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Libération

Lettres du Pôle. La glace fait un prisonnier*.

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publié le 19 janvier 1999 à 23h13

Jusqu'à fin janvier, une trentaine de chercheurs européens sont en

mission sur la base Concordia, dans l'Antarctique. Ils forent la calotte polaire pour y retrouver 500 000 ans d'archives climatiques. (3e et dernier épisode.).

Dimanche 20 décembre 1998, 13 heures, je reprends les commandes du forage. Avec 30 à 40 mètres par jour, les 786 mètres ont été atteints. A 784 mètres, je stoppe la descente du carottier et commence le mode forage. Courant moteur, suspension, températures, inclinaison, les valeurs sont normales. Les couteaux entament la glace. Soudain, le courant moteur augmente" beaucoup trop, alors que la vitesse de pénétration, elle, est trop lente. Je stoppe la progression du carottier, le courant moteur redescend. Ouf!

Peut être une accumulation de copeaux au fond du trou? Je reprends le forage prudemment" Aussitôt, le courant remonte à des valeurs anormales. J'arrête. Sur l'écran de l'ordinateur, aucune information alarmante. Dernière tentative. Si cela ne marche pas, tant pis, je remonte, par sécurité. Le courant moteur fait à nouveau des siennes. Je stoppe et commence la remontée. Le treuil peine mais le câble ne défile plus. J'essaie une fois, deux fois, dix fois" rien à faire. La nouvelle s'est répandue dans le camp: «Le carottier est coincé!» Tous les foreurs rappliquent. Le câble est en tension maximale, à 2,9 tonnes. Rien ne vient. Mais la tension diminue lentement: le carottier remonte millimètre par millimètre. En quatre heures, nous gagnons 4 mètres. Pu