Pour comprendre le centre de la Terre, les simulations par
ordinateur ne sont pas à la hauteur, selon vous. Pourquoi?
Henri-Claude Nataf. Les ordinateurs sont toujours utilisés avec profit. Mais le recours à l'expérience permet un autre regard. Pour se poser les bonnes questions, il nous faut en effet pouvoir imaginer le phénomène, le visualiser. Cela paraît comme une constante dans la démarche scientifique. Or il faut multiplier les approches pour renouveler le regard et créer des schémas mentaux féconds. Pour l'instant, on a beaucoup privilégié l'approche numérique. Il est temps d'en changer. L'idéal serait de reproduire systématiquement, du moins sous ses formes les plus simplifiées, le phénomène que l'on étudie par simulation numérique. Je suis sûr qu'à long terme cette complémentarité numérique-analogique sera fructueuse.
Philippe Cardin. Au fur et à mesure que l'on découvre la réalité de la planète, il apparaît que l'intérieur de la Terre se trouve dans une situation extrême: ni les hautes pressions qui règnent en son centre, ni les mouvements complexes qui y siègent, ni même le mécanisme à l'origine du champ magnétique ne peuvent être reproduits par un ordinateur. La résolution exacte des équations qui régissent ces phénomènes, même en disposant d'un temps de calcul convenable, est à l'heure actuelle impossible. Nous avons recours aux simulations par ordinateurs, mais en complément de nos expériences en modèles réduits. En fait, on peut dégrossir le problème, c'est-à-d