Edouard laisse tomber Claude, qui envoie Vincent au charbon. C'est
le film à succès de ce début d'année dans les laboratoires, un échange à fleurets mouchetés entre responsables au plus haut niveau de la recherche après les gros mouvements de troupes de l'automne. Edouard Brézin, président du CNRS, en a eu assez. Envoyé en première ligne par le ministre de l'Education et de la Recherche, Claude Allègre, il a écrit voilà quatre mois la réforme des statuts du CNRS. Ce faisant, il a aussi dû encaisser la grosse colère anti-Allègre des chercheurs. La démonstration de force du 14 décembre, une réunion du Comité national de la recherche scientifique regroupant près de 1 000 chercheurs très remontés, l'a convaincu que la méthode du ministre sinon ses objectifs n'était pas praticable.
Brézin a donc lâché Allègre. Un changement affiché dès le 5 janvier, dans une rencontre du conseil d'administration du CNRS avec les présidents de section du comité national. «Il a clairement indiqué qu'il ne supportait plus de porter le chapeau», dit un participant. Le 18 janvier, lors d'une réunion du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche, Vincent Courtillot, directeur de la recherche au ministère, officialisait ce revirement. Dans un discours «très urbain», raconte un participant, il annonçait qu'il n'attendait plus d'Edouard Brézin qu'un texte «littéraire». Soulignant ainsi que le ministre lui avait remis les clés du dossier «réforme de la recherche» et qu'il entendait l