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Libération

Voyage au centre de la Terre, dans un bocal. Que se passe-t-il au coeur de la planète, à plus de 2 900 km sous nos pieds? Mystère, les mouvements de cet océan de métal liquide qu'est le noyau sont largement inconnus. Alors, comme il est impossible de creuser si profond, des géophysiciens recréent le Globe en laboratoire.

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publié le 26 janvier 1999 à 23h18

On dirait un bocal à poisson rouge. Il y a bien l'eau, mais pas

trace d'animal. Juste une goutte de colorant vert déposée en surface. «Une astuce pour mieux voir les mouvements de l'eau», explique Henri-Claude Nataf (laboratoire de géophysique interne et de tectonophysique de Grenoble). Le tout trône en effet sur une table munie d'un moteur. Et dès qu'il ronronne, le bocal tourne sur lui-même. En quelques minutes se met alors en place un drôle de spectacle. Peu à peu, le colorant se disperse, et pas n'importe comment. Un peu plus grosses que des spaghettis, des colonnes apparaissent, parallèles à l'axe de rotation. Et ce qui intrigue, c'est l'intérieur des colonnes: s'y font et s'y défont des boucles colorées, des tourbillons semblables aux volutes éphémères d'une fumée de cigarette qui forment la frontière de chaque colonne, donnant l'impression qu'une paroi invisible les empêche de se répandre. «C'est ainsi que l'on imagine les mouvements qui agitent le noyau de la Terre, à plus de 2 900 km sous nos pieds.»

Magnétisme. Ce noyau, un océan tourmenté de métal, liquide comme de l'eau, Philippe Cardin, Henri-Claude Nataf et Peter Olson (université Johns Hopkins à Baltimore) ont donc imaginé, depuis 1992, de le mimer fort scientifiquement avec leur bocal plein d'eau. Car les ordinateurs, aussi gros soient-ils, ne sont pas capables de parfaitement simuler les soubresauts des entrailles terrestres (lire interview ci-contre). Situation fâcheuse: car c'est ici, dans cette zone invis