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Libération
Interview

Yves Levi, spécialiste des liens entre santé et environnement, explique comment le risque écologique devient objet de recherche et de veille sanitaire. «On s'intéresse à l'eau car c'est un marché».

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publié le 9 février 1999 à 23h40

Docteur en pharmacie, donc à la fois chimiste et biologiste,

professeur universitaire ayant débuté sa carrière dans les centres de recherche privés des multinationales de l'eau, Yves Levi est passé des labos riches aux paillasses pauvres. Autrefois à la Générale des eaux, puis chez sa concurrente la Lyonnaise pour améliorer les traitements de «potabilisation», Yves Levi a créé en octobre 1997 le laboratoire «santé publique et environnement» à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry (Paris Sud). Cette spécialité nouvelle, héritage et fusion des anciens labos d'hydrologie et d'hygiène, a été adoptée par presque toutes les facs de pharmacie françaises. Elle figure de plus en plus souvent au menu des recherches commandées par les pouvoirs publics. Le 9 mars, Yves Levi animera un colloque (lire ci-dessous) à la Maison de la chimie sur les interactions entre l'eau, la chimie et l'environnement.

Pourquoi a-t-on l'impression que l'eau a toujours plus intéressé les chercheurs français que n'importe quel autre sujet lié à l'environnement?

L'eau représente un secteur marchand lucratif. Les traiteurs d'eau français ont créé des centres de recherche qui comptent parmi les meilleurs du monde. Comme ils ont aussi mis à contribution les universitaires, en leur fournissant des crédits au passage, ça a dopé la recherche sur l'eau. Le même phénomène intervient à présent pour les déchets. Les réglementations, les normes, conditionnent aussi les moyens mis à disposition de la recherche. Quand l