Reines de l'oeil de biche, les belles de l'Egypte ancienne ne se
séparaient jamais de leurs produits de beauté, jusque dans leur dernière demeure. Ces vanity case à la mode pharaonique ont beau être régulièrement retrouvés par les égyptologues, ils réservent encore des surprises. Ainsi, après avoir étudié pendant trois ans près de cinquante flacons de cosmétiques (poudre, fard, khôl"), Philippe Walter et son équipe (1) se disent stupéfiés par leur découverte: les chimistes égyptiens savaient synthétiser artificiellement certaines bases de produits de beauté, dans le but de soigner.
Comme ils pouvaient s'y attendre, dans les jolis «flacons d'albâtre, de bois ou de roseau, fermés hermétiquement par des couvercles en pierre ou des bouchons en lin», les scientifiques ont d'abord retrouvé des substances naturelles: composés de plomb (galène sombre et brillante, cérusite blanche), graisses végétales et animales, résine de conifère, cire d'abeille" Mais ce sont d'autres substances qui les ont intrigués: «La laurionite et la phosgénite, trop rares dans la nature pour fournir des produits cosmétiques durant huit siècles», explique Philippe Walter. Pauline Martinetto précise que, les flacons étant très hermétiques, l'obtention de ces substances après «altération des composés de plomb (naturels, ndlr) par l'eau ou la lumière n'est pas envisageable». Conclusion: les Egyptiens fabriquaient artificiellement ces deux composés du plomb, en effectuant une synthèse par réaction chimique.
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