Caracas de notre correspondant
On l'appelle déjà le «champignon accro à la coke». Ou le «champignon policier». La découverte du biologiste vénézuélien Efren Andrade a toutes les chances de jouer bientôt un rôle de premier plan dans la lutte contre le trafic et la consommation de drogue. Ce champignon microscopique, cousin lointain de la discrète famille des Aspergillus, était jusque-là un parfait inconnu de la communauté scientifique. C'est par hasard qu'Andrade l'a isolé, en 1992, dans ses laboratoires de la faculté de pharmacie de l'université de Mérida, dans les Andes vénézuéliennes. Ensuite, il l'a «ausculté» pendant six ans pour en découvrir toutes ses étonnantes propriétés.
Nourri à la coke. «A l'époque, j'étudiais les réactions chimiques des molécules de la cocaïne et leur réponse éventuelle à la lumière, explique ce spécialiste de biologie moléculaire, l'un des plus réputés d'Amérique latine. Un soir, dans l'une des solutions où nous plongions des parcelles de drogue, nous avons constaté la présence de champignons microscopiques. Mes collaborateurs m'ont proposé de se débarrasser aussitôt de ces intrus. Mais j'ai décidé de les conserver. Trois jours plus tard, ils avaient doublé de volume: ils se nourrissaient de cocaïne!» Retirés de la solution, d'autres champignons avaient vu, en revanche, leur croissance stoppée, faute de leur ration quotidienne de drogue. «Manifestement, mon aspergillus était bel et bien accro.» Désormais, la petite équipe de Mérida cinq cherch