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Libération

Comment la vie vint au cosmos. Un astrochimiste américain a recréé en labo l'évolution des nuages interstellaires.

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publié le 23 février 1999 à 23h51

Dans le froid de l'espace, durant des millions d'années,

s'assemblèrent les briques de la vie. Puis, telles des graines, elles ensemencèrent la Terre, à l'aube de son existence. Belle histoire, et aussi hypothèse scientifique, qui vient de recevoir un coup de pouce, dans le dernier numéro de la revue américaine Science (1). Max Bernstein, astrochimiste de la Nasa (Ames, Californie), y relate une expérience de laboratoire très concluante où son équipe a tenté de recréer, à l'accéléré, les lents processus qui se déroulent dans les nuages interstellaires où naissent les étoiles. Il a montré qu'en ces lieux privilégiés apparaissaient une foule de grosses molécules organiques ­ alcools, éthers et autres cétones ­, toutes d'un intérêt biologique élevé.

Au coeur de cette manip, un problème clé: l'évolution des «PAHs», des molécules à la géométrie particulière (ce sont des polycycliques aromatiques), qui représentent 20% de tout le carbone cosmique . Présentes dans les météorites tout comme dans les comètes, les astrophysiciens soupçonnent que dans les nuages interstellaires, où règnent des températures inférieures à - 220 °C, ces PAHs doivent se condenser sur les minuscules grains de glace et de poussière. La question est alors de comprendre ce qu'elles deviennent, soumises au rayonnement ultraviolet des étoiles. Max Bernstein soupçonnait que ces molécules très spéciales devaient s'unir à d'autres atomes, d'oxygène et d'hydrogène, pour former les éventuelles «briques de vie». Pour