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Libération

Arcy-sur-Cure rafraîchit ses mammouths. La restauration fait renaître les fresques préhistoriques.

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publié le 16 mars 1999 à 0h09

Arcy-sur-Cure envoyée spéciale

Javier, armé de sa fraiseuse diamantée, s'apprête à dégager l'arrière-train d'un mammouth. En position très inconfortable ­ le dessin est au plafond ­, il attaque la vilaine couche de calcite qui recouvre la bête préhistorique. Un masque protecteur sous lequel apparaît l'animal, dessiné à l'ocre rouge il y a environ 28 000 ans. L'artiste de l'âge glaciaire a contourné une petite concrétion pour dessiner la ligne dorsale du mammouth, qui se retrouve ainsi affublé d'une petite bosse. A quelques mètres de là, Eudald peaufine le nettoyage d'un dessin baptisé «le beau mammouth» en abrasant délicatement la concrétion qui le recouvre.

Tabou. Dans la grotte d'Arcy-sur-Cure (Yonne), ces deux Espagnols, restaurateurs de peintures murales, s'attaquent directement à la paroi. Cet acte tabou chez les préhistoriens donne ici des résultats miraculeux (1). Cette année, pas moins de six mammouths vont renaître.

Un véritable bestiaire apparaît petit à petit dans cette grotte, creusée par la Cure et visitée depuis au moins quatre siècles. Pourtant, les premiers dessins n'ont été découverts qu'en 1990, et les premières figures authentifiées en 1991. Depuis, Dominique Baffier et Dominique Girard, du CNRS, mènent des campagnes de fouilles: environ six semaines par an, une douzaine de chercheurs étudient les parois et le sol. Des photos et des rayons infrarouges révèlent sur les parois des traits invisibles à l'oeil nu, masqués par la couche de calcite, permettant aux