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Libération
Enquête

En Bosnie, trois ans de guerre ont aussi bouleversé la vie sauvage. La nature mutilée. La faune bosniaque a été décimée, mais certaines espèces ont mystérieusement résisté.

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publié le 16 mars 1999 à 0h09

Sarajevo envoyé spécial

Les serpents n'aiment pas la guerre. Vipères et couleuvres se sont évaporées des broussailles de Bosnie-Herzégovine pendant les trois ans et demi de conflit. Du moins sur les collines où les zoologistes et les écologistes ont pu se rendre pour recenser la gent rampante. Les randonneurs et paysans ne les regretteront pas. Dans le même temps, des hardes de sangliers dévastent les champs, des meutes de loups menacent les troupeaux. En certains endroits, les rivières sont vides de poissons, mais en d'autres sont réapparues des espèces si rares qu'on les croyait disparues. Le grand tétras, oiseau mythique en Europe, qui se chasse au moment de son cri d'amour, a été décimé; mais le petit tétras, à l'inverse, a prospéré" D'innombrables phénomènes témoignent du chaos provoqué par la guerre dans le monde animalier de Bosnie-Herzégovine. Chaos de prime abord destructeur. Un animal sur trois ou quatre en est mort. Malheureusement, trop peu d'intérêt, trop peu d'accès, trop peu d'études scientifiques empêchent d'en comprendre le sens.

Contamination des sols. La raréfaction des serpents, pourtant peu susceptibles d'avoir servi de cibles et dont les proies ont proliféré, est un mystère inquiétant. «Le serpent est le vétéran des animaux terrestres. A ce titre, son absence de la chaîne écologique aurait des conséquences graves. D'autant qu'il est un indicateur très précis de la pollution de la terre, de par sa façon de se mouvoir, en rampant, testant le sol en permane