Et si on se faisait une fusée à la Tintin? Une fusée qui sert
plusieurs fois. Qui décolle, dépose son satellite dans l'espace, puis revient sur Terre pour une nouvelle mission. Qui ne largue pas, au fur et à mesure de son envol vers l'espace, l'essentiel de sa structure et de ses moteurs. Bref, un engin qui serait au transport spatial ce que l'avion est au transport aérien. Mais sans pilote aux commandes.
Gâchis. Ce rêve est depuis de longues années au coeur de programmes futuristes de la Nasa. Il pourrait bien franchir l'Atlantique. Cette semaine, à Arcachon (1), des ingénieurs vont phosphorer copieusement sur une partie cruciale du sujet, le retour.
Phosphorer, il faut. Guy Laslande, l'un des pères d'Ariane- 5 à la direction des lanceurs du Cnes, l'agence spatiale française, douche tout enthousiasme prématuré: «Pour l'instant, personne n'a démontré que la fusée réutilisable est meilleure que la consommable.» Propos de grincheux attaché à sa fusée? Nenni. Le même Guy Laslande résume ainsi l'argument massue en faveur de l'engin du futur: «A priori, jeter le lanceur après chaque tir, c'est un gâchis!» Faire sauter les verrous technologiques qui s'opposent au rêve, c'est donc l'enjeu des prochaines années.
A quoi ressemblerait un tel engin? «Grosso modo, à un véhicule de la taille d'un 747. Trapu en bas, avec un gros cul pour caser ses moteurs. Allongé, pour loger les réservoirs. Et doté d'un minimum d'ailes, en forme delta, pour le retour sur le plancher des vaches», résume Bern