La levure a aussi son prion. Et comme les levures sont de vraies
bêtes de labo faciles à reproduire, à manipuler et à analyser , voilà une excellente nouvelle pour les biologistes qui s'échinent à percer le mystère des maladies à prion, de la vache folle à Creutzfeldt-Jakob. Cette annonce, publiée dans Science du 26 février par l'équipe de Reed Wickner (National Institute of Health, Bethesda, USA), arrive à point.
Vilain rôle. Wickner vient de démontrer que la levure Saccharomyces cerevisiae recèle au moins deux protéines douées des mêmes propriétés que les fameux prions accusés dans la maladie de la vache folle. Le biologiste avait découvert ces deux protéines en 1994 et les soupçonnait de jouer au vilain rôle de prion: se déformer au point de ne plus pouvoir assumer son rôle, puis transmettre par simple contact cette déformation aux protéines identiques qui l'entourent. Une sorte d'infection qui s'étend et qui, par exemple, vous transforme un cerveau en éponge. Ce mécanisme infectieux, découvert par le biologiste américain Prusiner, ce qui lui valut le Nobel en 1997, dérogeait au privilège de transmission de l'information que la science croyait jusqu'alors réservé aux acides nucléiques (ADN et ARN). Qu'une levure soit également victime de ces vicieux prions est une véritable aubaine pour les biologistes. «Grâce à nos travaux, les chercheurs disposeront désormais d'un excellent modèle pour travailler», s'exclame Reed Wickner. Parce qu'une levure se reproduit en quelques h