Nouméa de notre correspondante
Pascale Joannot, spécialiste du corail dans le Pacifique Sud, est directrice de l'aquarium de Nouméa et présidente du Centre d'initiation à l'environnement de Nouvelle-Calédonie. Les récifs coralliens sont-ils en danger de mort?
Pour certains récifs, ce n'est plus un danger mais une réalité. En 1993, on estimait que 10% des récifs coralliens de la planète étaient morts et que 30% pouvaient être condamnés d'ici à dix à vingt ans. Aujourd'hui, les estimations sont non seulement plus précises mais aussi plus dramatiques. Au total, 58% des récifs seraient menacés. Un chiffre qui atteint 80% dans le Sud-Est asiatique, notamment aux Philippines et en Indonésie, où des pans entiers de récifs sont des zones mortes, sans aucun corail vivant. De véritables déserts sous-marins. La Tanzanie, les Comores et les Caraïbes sont également des secteurs à très haut risque. Le Pacifique, qui abrite plus de récifs que n'importe quelle autre région, est relativement épargné. Tout simplement parce que les hommes y sont moins nombreux et surtout moins pauvres qu'en Asie. Par exemple, un Polynésien qui ne veut pas aller à la pêche a les moyens de s'acheter une boîte de sardines.
Quels sont les dangers qui les menacent?
La surexploitation des ressources marines, les méthodes de pêche qui utilisent le cyanure ou des explosifs et l'aménagement du littoral sont considérés comme les menaces les plus graves. Les sédiments, les engrais, les pesticides venus de la terre, ainsi q