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Libération

Allo l'ordinateur, ici le cerveau.Relier la machine à la pensée: une révolution pour les grands handicapés.

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publié le 30 mars 1999 à 0h21

C'est une grande victoire sur l'isolement le plus insupportable.

Quand le journaliste Jean-Dominique Bauby, atteint du locked in syndrome qui le figeait dans une immobilité totale, voulut écrire son livre le Scaphandre et le papillon, il fut condamné à le dicter via des battements de paupière codés. Aujourd'hui, l'équipe du professeur Niels Birbaumer (université de Tübingen en Allemagne) annonce (1) être parvenue à entraîner deux grands malades immobilisés (alimentés et sous respiration artificielle depuis quatre ans), à piloter un ordinateur par la pensée. Résultat: «Ils peuvent aujourd'hui, en deux ou trois heures, écrire une page entière» grâce à un système qui épelle les lettres de l'alphabet, dit Niels Birbaumer.

Ceci est rendu possible grâce à l'amplification, après qu'elles sont extraites de leur électroencéphalogramme, des «ondes lentes» de leur cerveau, ondes qui interviennent en permanence «quand on se prépare à une activité, quand on accomplit telle ou telle tâche, etc.». Les patients, reliés à l'ordinateur par des capteurs, ont devant eux un écran vidéo doté d'un curseur qui peut se déplacer vers telle ou telle lettre de l'alphabet. Ils s'entraînent alors à faire bouger le curseur vers la lettre voulue, constatant immédiatement leurs réussites ou échecs.

Les deux patients «ont été entraînés à produire des changements volontaires de leurs ondes lentes durant 2 à 4 secondes, écrivent les scientifiques (") Une journée d'entraînement consistait en 6 à 12 sessions (dépe