Johannesburg envoyée spéciale
Au début, on ne voit rien. Rien que le bush, les acacias, les épineux qui transpirent sous un soleil de plomb. Et puis l'oeil s'habitue à repérer les pierres sur lesquelles sont gravés des dessins. Là, un superbe rhinocéros, ici, une antilope, là-bas d'étranges formes géométriques" Ce sont les oeuvres de Bushmen, peuples d'Afrique australe qui vivaient jusqu'au siècle dernier de la chasse et de la cueillette et qui ont presque entièrement disparus d'Afrique du Sud. Près de la ville de Klerksdorp, à trois heures de Johannesburg, ce site d'art rupestre gravé est situé sur les terres de Neil et Lyth Orford. Propriétaires de la ferme de Bosworth depuis trois générations, ils ne manquent pas de rappeler que l'abbé Breuil, le célèbre préhistorien français, est venu chez eux dans les années 40. Plus de 600 roches gravées ont été découvertes ici, mais dans l'immensité du paysage, au milieu de collines où l'on se perd facilement, il faut les pister comme pour une chasse au trésor. Parmi les dessins, l'étonnante représentation d'une autruche dotée de deux bras. Sur ce site, c'est elle qui illustre le mieux la théorie de l'archéologue sud-africain David Lewis-Williams pour qui l'art rupestre des Bushmen d'Afrique australe est d'inspiration chamanique. Il est d'ailleurs connu et très critiqué en France (lire ci-contre) pour avoir, avec le préhistorien Jean Clottes, transposé son interprétation aux grottes européennes.
Témoignages. Directeur du centre de reche