Il disait qu'«on a tous un "insectilège intérieur, une galerie de
portraits d'insectes». Claude Caussanel, 65 ans, Périgourdin volubile et souriant devenu professeur au Muséum d'histoire naturelle (Paris), décédé d'un cancer et incinéré vendredi au cimetière du Père-Lachaise, était tombé amoureux, lui, du perce-oreille. Et vouait une légitime passion à l'écrivain Jean-Henri Fabre, dont les Souvenirs entomologiques continuent de susciter des vocations de naturalistes. Ces dernières années, celui qui fut jusqu'à l'automne directeur du laboratoire d'entomologie du Muséum, consacrait une énergie farouche à la renaissance et la réhabilitation de «l'Harmas de Fabre», ce jardin botanique clos de murs près de la maison du scientifique, non loin d'Orange (Vaucluse), donné à l'Etat puis confié aux bons soins du Muséum à noter que le Japon s'était déclaré prêt à acheter les lieux, et qu'une exposition sur Fabre, vénéré au pays du Soleil-Levant et des grillons en cage, a eu lieu à Osaka en 1997. Claude Caussanel, qui ne manquait pas d'envoyer à ses amis de poétiques dessins qu'il exécutait lui-même, estimait que la France ne s'intéressait pas assez aux insectes et à l'entomologie. Alors même que cette connaissance demeure cruciale pour l'agriculture, pour la biologie et la génétique, et parce que ces drôles de bestioles sont les premières au monde pour le nombre d'espèces. Un regret d'autant plus fort que le Muséum possède l'une des plus prestigieuses collections du monde «peut-être