Monsanto va semer du bonheur chez les agriculteurs américains les
plus défavorisés. Le géant mondial de l'agrochimie et des plantes transgéniques examinera dès le 15 avril les dossiers des candidats aux 50 bourses d'études agricoles qu'il offrira, à la rentrée 1999, à des enfants de fermiers américains. Ce beau geste lui coûtera 12 500 dollars (75 000 francs), une broutille pour une entreprise qui affiche plus de 45 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel. Cette opération de mécénat éducatif sera financée, souligne Monsanto dans un communiqué (1), grâce aux procès gagnés par la firme contre des «agriculteurs pirates», nouveaux délinquants de l'Amérique rurale. Il s'agit en l'espèce d'agriculteurs coupables d'avoir ensemencé leurs champs avec des «semences de ferme», c'est-à-dire des graines prélevées sur leur récolte de l'année précédente. La coutume, pratiquée du néolithique à nos jours sous toutes les latitudes, semble bien innocente. Mais elle devient délictueuse quand lesdites «semences de ferme» sont les rejetons de graines brevetées" ce qui est le cas des transgéniques, considérées comme des «inventions». Tentation. L'agriculteur qui plante des semences issues de sa récolte de plantes transgéniques est donc assimilé à un contrefacteur se livrant, littéralement, à une «re-production» aussi frauduleuse que celle d'un CD ou d'une fermeture à glissière. «Lorsqu'il nous achète des semences transgéniques, l'agriculteur est informé: il signe un contrat par lequel