Menu
Libération
Reportage

Salade de soja transgénique au Brésil. Alors que l'Etat n'en a pas encore autorisé la consommation, les géants de l'agrochimie testent la culture d'OGM. Les agriculteurs sont divisés, tout comme les autorités fédérales et locales.

Article réservé aux abonnés
publié le 13 avril 1999 à 0h42

Il y a le malaise des consommateurs. Les produits transgéniques

(soja, maïs") peuvent-ils être dangereux pour la santé, s'interrogent-ils? Il y a maintenant le trouble des agriculteurs ­ et celui des politiques, qui va toujours avec. Il risque de croître proportionnellement aux surfaces ensemencées en plantes transgéniques: déjà plusieurs dizaines de millions d'hectares à travers la planète, sans qu'un chiffre exact soit d'ailleurs arrêté. Sont-elles nuisibles pour l'environnement et qui a intérêt à s'engouffrer dans leur sillage? Non seulement les grandes entreprises d'agrochimie, qui verrouillent ainsi le marché des semences, mais aussi les petits paysans, qui dépensent ainsi moins en pesticides? Ou bien, ces derniers doivent-ils s'en défier et miser sur les filières «propres», c'est-à-dire les bonnes vieilles plantes «naturelles»? L'affrontement a commencé, comme le montre notre reportage au Brésil. Il ne promet que de croître et devenir plus brutal.

Rio Grande do Sul envoyé spécial «Il y a quinze jours, j'ai reçu un appel d'une radio de Pôrto Alegre qui me demandait si mon champ avait été saccagé. Moi, je n'avais rien remarqué. Comment la Radio Gaucha a-t-elle pu être informée avant moi?» Silveiro Luersen n'en revient toujours pas: on a attaqué son lopin de cinq hectares, qui jouxte sa ferme de Teutonia, à 150 kilomètres de la capitale de l'Etat de Rio Grande do Sul, le «grenier» du sud du Brésil. Un parterre de soja en parcelles soigneusement délimitées que Silveiro a l