Un de ses livres s'intitule Meurtre du père ou sacrifice de la sexualité. Pour un ethnologue, agrégé de philo et licencié en psycho, c'est presque un passage thématique obligé. Quand il s'appelle Maurice Godelier et est considéré par beaucoup de ses pairs comme l'un des rares possibles successeurs de Claude Lévi-Strauss, père et même grand-père de l'anthropologie structurale, on ne peut s'empêcher d'y voir un clin d'oeil de l'histoire. A 65 ans, ce Nordiste chaleureux appartient au cercle très fermé des ethnologues français jouissant d'une vraie notoriété hors de l'Hexagone. Ses nombreuses expéditions (dès 1967) et publications sur les Baruya, un des groupes papous de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, font autorité. Y compris dans le monde anglo-saxon dont l'impérialisme culturel l'agace profondément. Directeur d'études à l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), patron du centre de recherche et de documentation sur l'Océanie (Credo), il aurait pu attendre la retraite à l'ombre de ces prestigieuses écoles. Son expérience et sa fougue en ont décidé autrement: Godelier dirige aujourd'hui le «projet pour l'enseignement et la recherche» du futur dernier grand musée dont va se doter la capitale, quai Branly. Un musée voulu par Jacques Chirac, entériné par Lionel Jospin et consacré aux arts dits autrefois «primitifs». Résolument à gauche (le PCF dans les années 60, Chevènement jusqu'en 1986), Maurice Godelier s'est coulé très diplomatiquement dans le «musée de la cohabit
Interview
Entretien avec l'ethnologue Maurice Godelier. «Comment construire un musée post-colonial». «Faire un musée des autres, avec les autres», «sans enfermer les sociétés dans des cages».
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par Alain LEAUTHIER
publié le 20 avril 1999 à 0h45
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