Pour Dominique Lecourt, professeur de philosophie chez les
scientifiques de l'université Paris-VII depuis dix ans, tout a commencé à la mi-février, à la réception d'une lettre du ministre de la Recherche, Claude Allègre. Il lui est demandé de conduire une «mission sur l'enseignement de la philosophie des sciences». Cet enseignement devant «contribuer à développer l'esprit critique et inventif des étudiants des disciplines scientifiques».
Pour dresser un état des lieux, Dominique Lecourt (1) a depuis envoyé «plusieurs centaines de lettres» aux universités, grandes écoles, écoles d'ingénieurs, afin de retrouver en particulier ces «initiatives individuelles, plus nombreuses qu'on ne croit», où des enseignants de philo se sont tournés vers les sciences.
Y a-t-il un réel besoin d'enseigner la philosophie des sciences?
Les scientifiques sont de plus en plus nombreux à ressentir qu'il est utile d'introduire une réflexion critique sur le lien entre la pensée scientifique et le reste des activités humaines. Ils ne se satisfont plus du positivisme ambiant. On a vu la pédagogie des sciences s'infléchir dans un sens dogmatique. Il y a risque que leur enseignement récompense non pas les esprits les plus inventifs mais les plus dociles.
Comment convaincre des étudiants en sciences que de la philo leur serait «utile»?
Je ne vois pas du tout cet enseignement de philosophie comme un «supplément de culture générale», comme un «ornement culturel». Mais un moment dans le cursus où l'étudiant peut lir