L'orpiment, utilisé par les maîtres flamands, se transforme à la
lumière. «Interdiction de se lécher les doigts si vous avez touché la peinture. Danger, mort-aux-rats.» Va-t-on voir fleurir ce type de conseil dans les musées? Des scientifiques néerlandais viennent en effet de montrer que l'orpiment, substance utilisée par les peintres hollandais du XVIIe siècle pour sa belle couleur jaune vif, se transforme, dans des conditions particulières, en la dangereuse substance antirongeurs. Mais ne prévoyez pas encore de masque à gaz pour votre prochaine sortie au Rijksmuseum d'Amsterdam. Nulle trace de cadavre de rat sous les natures mortes d'agrumes du peintre Willem Kalf. Comme le confie le physicien et spécialiste d'histoire de l'art Arie Wallert, du Rijksmuseum, «le processus n'intervient qu'à échelle microscopique, et les conséquences ne peuvent pas, dans des conditions normales, être dangereuses». Il s'agit en fait d'une réaction chimique tout à fait normale, dont la première responsable est la lumière. Si la toile est entreposée dans l'obscurité, l'orpiment ne connaît pas de bouleversement. Par contre, en plein jour, catastrophe: en quelques mois, les photons font oeuvre destructrice. L'orpiment qui est du sulfure d'arsenic, se transforme en anhydride sulfureux, ce qui rend la peinture cassante, et en trioxyde d'arsenic, employé jadis comme mort-aux-rats. Celle-ci donne alors à la toile une teinte blanchâtre. Une réaction irréversible, que l'on peut toutefois freiner, notamm