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Portrait

Marc Dubois, 46 ans, physicien théoricien curieux et bricoleur, met en équations des «réalités complexes» comme l'écosystème de la forêt tropicale. Biotope modèle.

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par Cécile Guérin
publié le 4 mai 1999 à 0h52

Le jean retroussé sur des chaussures bateaux sans âge, Marc Dubois

allume sa pipe consciencieusement. Va-t-il intimer l'ordre de hisser les voiles à quelques matelots alentour? Hélas" «Je voulais être capitaine au long cours, je suis devenu savant sous l'influence de Jules Verne», explique ce natif de Lyon, ascendant normand. Mais quel genre de «savant»? Botaniste (il a une collection de graines de Guyane)? Climatologue (il vous décrit sans problème l'influence d'El Niño sur le désert sahélien)? Non. Marc Dubois est un physicien théoricien qui ne rechigne pas à tâter du terrain. «Quand je travaillais sur la fusion nucléaire, j'étais pilote de Tokamak (1). Je me suis amusé en conduisant ce gros train électrique», avoue Dubois, pour qui la recherche commence comme un jeu d'enfant. Traduire le monde. Il dit avoir simulé à 11 ans les tragédies de Corneille à l'aide de composants électroniques: «La tension dramatique de chaque scène était représentée par des oscillations électriques.» L'obsession de traduire le monde en langage physique ne le quittera plus. A preuve, trente-cinq ans plus tard, son dada: la modélisation. Si possible, de phénomènes complexes: «Je veux traduire en termes simples des réalités compliquées.» Il s'attaque donc aussi bien à la diffusion de l'eau dans les milieux dits «hétérogènes»(déchets nucléaires, par exemple), qu'à l'évolution de l'écosystème tropical ou à la contamination d'un troupeau par la tremblante du mouton. «La seule frustration, finalemen