Elle est morte, la petite vache. Elle aurait pourtant fait belle
figure aux côtés de Dolly, la brebis écossaise. Elle était, elle aussi, un «clone d'adulte». Son patrimoine génétique provenait non pas de l'union naturelle d'un spermatozoïde et d'un ovule mais d'une cellule ordinaire, «somatique», prélevée sur l'oreille d'une vachette et implantée dans un ovule vidé de ses gènes. Cette vachette était le premier clone de mammifère adulte dont aurait pu s'enorgueillir la recherche française, puisqu'elle est née, le 6 juillet 1998, dans une étable du laboratoire de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique), à Jouy-en-Josas. Las, elle n'a vécu que six semaines. Elle est morte d'une anémie sévère. Morte, mais pas enterrée aux yeux de la science. Au contraire, ce décès prématuré lui a valu les honneurs d'une publication scientifique dans l'hebdomadaire britannique The Lancet, le 1er mai, signée de Jean-Paul Renard et de ses collègues de l'Inra, «auteurs» des jours de ladite vachette. Sa maladie fatale, estiment-ils en substance, ne serait pas fortuite. «La technique de clonage somatique pourrait être à l'origine d'effets pathologiques durables», écrivent-ils. En clair, la vache serait morte parce qu'elle est un clone d'adulte. Et les chercheurs de tirer la sonnette d'alarme: «Nos observations devraient être prises en considération dans les débats sur le clonage humain reproductif (la création de "bébés clones, ndlr).» Serait-ce là le glas du clonage réalisé à partir de